[😤]: Mes coups de g---- IA + Marketing du mois
Ma réponse au PDG de Cloudflare et à son "l'IA est en train de tuer le modèle économique du web". Mon "bof" en réponse à l'article de Y combinator. Et mon grain de sel dans la guerre média v/s LLM.
[😤] Coup de G—- #1
L’article :
🔗 Bernard L. Schwartz Annual Lecture With Matthew Prince of Cloudflare
Sa synthèse :
Lors de la conférence Bernard L. Schwartz (avril 2025), le PDG de Cloudflare, Matthew Prince, a tiré la sonnette d’alarme :
l’IA est en train de bouleverser en profondeur l’économie du web. Historiquement, les moteurs de recherche comme Google redirigeaient les utilisateurs vers les créateurs de contenus, avec un échange relativement équitable : pour deux pages indexées, un visiteur était renvoyé. Aujourd’hui, 75 % des requêtes restent sur Google, coupant net le trafic — et les revenus — des éditeurs. Pire encore, les modèles d’IA générative comme ceux d’OpenAI ou d’Anthropic utilisent les contenus extraits selon des ratios de 250:1 et 6 000:1 respectivement, sans quasiment rien redonner en retour.
Pour Prince, cette dynamique est intenable :
“Le modèle économique du web ne peut pas survivre si rien ne change. Sans nouveau cadre pour rémunérer les contenus originaux, les créateurs cesseront tout simplement de créer — menaçant l’avenir d’un internet libre, utile et ouvert”.
My 2 Cents:
Je vais ouvrir ma grande bouche et prendre mes grands airs pour répondre à M. Prince sur son « Le modèle économique du web ne peut pas survivre si rien ne change ».
Eh bien justement, rien ne va changer — si ce n’est le modèle économique du web lui-même, qui doit être réinventé.
Le constat que fait M. Prince ?
Les pros du contenu et du SEO le font depuis plus d’un an. Il arrive après la bataille. La vraie question, ce n’est pas “comment sauver l’ancien modèle ?” La vraie question c’est : quel nouveau modèle on construit ?
Voici quelques pistes concrètes :
1️⃣ Les créateurs de contenu ne vont pas arrêter de créer.
C’est mal connaître le quotidien d’un CMO. On crée, même en sachant que le contenu sera scrapé. Pourquoi ? Parce que le marketing sans contenu n’existe pas. Point barre. Le marketeur n’arrêtera jamais de créer du contenu. En revanche, il ne créera plus le même contenu ET il ne créera plus du contenu pour atteindre les mêmes objectifs qu’auparavant.
2️⃣ Les médias devraient voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
S’ils écoutaient un peu les pros du content marketing et du SEO, ils comprendraient que cette vague IA est peut-être la plus grosse opportunité économique depuis l’invention du web. Pourquoi ? Parce qu’ils ont un super-pouvoir : la capacité à créer des contenus uniques, différenciants, ultra-pertinents. L’IA, elle, ne fait que régurgiter du tiède. Les médias, eux, peuvent produire ce que les LLMs ne savent pas générer seuls : de l’actu, du frais, de l’angle. Et ça, ça se monétise — cher. On le voit déjà : les procès pleuvent, les deals de licensing arrivent derrière.
3️⃣ Les marques, elles, doivent ouvrir les yeux.
Le content marketing d’avant, c’est fini. Retour aux fondamentaux :
→ Un bon positionnement
→ Un bon produit: La meilleure stratégie du monde ne vaut rien, si le produit est crappy.
→ La bonne vielle “comm” comme à l’époque (construit ta marque, fais toi connaitre, bétonne tes RP, fais en sorte qu’on te voit et t’entende PARTOUT).
→ ET… du très bon contenu pour joindre les trois.
4️⃣ Et puis M. Prince semble avoir zappé un petit détail (enfin non, pas si petit) :
Les Agents IA. Sauf à ce que M. Prince vive sous une pierre, on en parle en boucle depuis plus d’un an (mon premier post la dessus date deXXX. Ce sont eux, le futur modèle économique de l’internet. Et devinez quoi ? Ces agents, ils tournent à quoi ?
Au contenu. Pas de contenu ? Pas d’agent. Pas d’agent ? Pas de business.
Donc non, M. Prince, le web ne va pas mourir. Il est juste en train de muter.
Et certains l’ont déjà compris.
[😤] Coup de G—- #2
L’article :
🔗 Y Combinator says Google is a ‘monopolist’ that has ‘stunted’ the startup ecosystem.
Sa synthèse :
Dans un récent mémoire "amicus curiae" déposé dans le cadre de la procédure antitrust intentée par le gouvernement américain contre Google, l’accélérateur de startups Y Combinator (YC) qualifie le géant technologique de « monopole » ayant « freiné » l’écosystème des startups aux États-Unis. YC affirme que la domination de Google dans la recherche et la publicité a créé une véritable « zone de mort », dissuadant les fonds de capital-risque d’investir dans des startups innovantes dans ces domaines.
Le mémoire met en avant des pratiques problématiques de Google, comme le fait de payer Apple pour rester le moteur de recherche par défaut sur iPhone — ce qui aurait étouffé la concurrence et l’innovation.
Sans aller jusqu’à réclamer un démantèlement immédiat de Google, YC plaide pour des mesures correctives, comme l’ouverture de l’index de recherche de Google afin que d’autres acteurs puissent entraîner leurs modèles de langage (LLMs) dessus. Et si rien ne change d’ici cinq ans, YC estime que le gouvernement devra envisager des actions plus radicales.
My 2 Cents:
D’un côté, je trouve ce post franchement limite : J’ai en effet jamais été fan des chasses à l’homme, ni des coups de pied donnés à quelqu’un qui a déjà un genou à terre.
Mais de l’autre, faut reconnaître que le gars marque un point : proposer d’ouvrir l’index de recherche de Google pour permettre à tous d’entraîner leurs LLMs dessus, c’est une piste intéressante — en théorie.
Le souci, c’est la pratique.
Parce qu’on a déjà vu où mènent les grands élans "open-source", "free for all", "au service de l’humanité blablabla". Spoiler : ça finit rarement en conte de fées. Cf : le post dans ma dernière curation sur OpenAI qui assume désormais pleinement son virage "for profit".
Alors oui, l’idée a du sens. Mais demander à Google d’ouvrir ses données quand l’acteur qui a mis le feu à la baraque (OpenAI) est lui-même en train de fermer les portes une à une… Pas sûr que ça se passe dans la joie et la transparence.