[👀] Google Mode IA & les médias : de la friture sur la ligne ...
Comment les plateformes tech dopées à l'IA Générative et les éditeurs de presse ne font plus "bon ménage : Après le Zero-click Search bienvenu dans l'ère du Journalisme Zéro.
Quoi :
Le rapport intitulé « Journalism Zero : How Platforms and Publishers are Navigating AI » (Journalisme Zéro : Comment les plateformes et les éditeurs naviguent dans l'IA)
Par Qui :
Tow Center for Digital Journalism - Dr. Peter Brown & Klaudia Jazwinska
En Bref :
Rapport qui examine la relation évolutive et souvent tendue entre les éditeurs de presse et les entreprises technologiques, en particulier dans le contexte de l'essor de l'IA générative. Basé sur 34 entretiens avec des dirigeants de presse, d'anciens cadres de plateformes, des représentants d'entreprises d'IA et des experts en IA, menés entre mai et octobre 2024, le rapport évalue l'état actuel de cette relation et explore les espoirs et les craintes entourant l'impact de l'IA sur le journalisme.
Autre lien pour t’aider :
J’ai pas mal détailler ce que je pense de ce rapport et surtout de ce que les médiais pourraient transformer cette (grande) source de contrariété de la chutte constante (et apparemment sans limite) du trafic en opportunité dans ma newsletter mensuelle sur LinkedIn.
👉 AI Marketing News Wrap-up (06-01-2025) - soit le 1er juin dernier (pour la date en français).
Dans le détail :
Une histoire de turbulences : Le rapport reconnaît un « long et étrange voyage » pour les dirigeants de presse dans leurs interactions avec les entreprises technologiques, marqué par des produits ratés, des stratégies malavisées et un soutien financier inadéquat de la part des plateformes. Les éditeurs ont appris à se méfier, avec un recentrage sur les relations directes avec leur public après que « l'affaire des plateformes » se soit avérée être une distraction.
Le paysage changeant des plateformes : Alors que des géants comme Google et Meta (Facebook) ont réduit leur concentration et leurs investissements dans les initiatives d'information, de nouvelles plateformes basées sur l'IA comme OpenAI et Perplexity ont émergé, parallèlement à une implication accrue de Microsoft. Ce changement a introduit de nouvelles dynamiques et de nouveaux défis.
Le double impact de l'IA générative :
Usage interne : Les salles de rédaction expérimentent l'IA générative pour des tâches telles que l'analyse de données, le reformatage de contenu, la traduction et la rédaction de brouillons. Cependant, les préoccupations concernant le manque de fiabilité (« hallucinations ») et les dommages potentiels à la marque signifient que la plupart sont prudents quant aux produits d'IA destinés au public.
Menace et opportunité externes : Le problème le plus litigieux est celui des entreprises d'IA qui entraînent des grands modèles de langage (LLM) sur de vastes quantités de journalisme publié, souvent sans autorisation ni compensation. Les produits de recherche générative qui résument les actualités sur la plateforme réduisent le trafic de référence vers les éditeurs, une préoccupation majeure.
La préoccupation du « Journalisme Zéro » : Une crainte centrale est d'atteindre le « Journalisme Zéro » – un point où les liens entre le journalisme et son public sont complètement rompus en raison de la désintermédiation par les plateformes d'IA. Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l'industrie de l'information et l'écosystème de l'information.
Droit d'auteur et propriété intellectuelle : C'est un champ de bataille majeur. Le procès du New York Times contre OpenAI et Microsoft en est un exemple très médiatisé. De nombreux éditeurs estiment que leur contenu a été volé, tandis que les entreprises d'IA invoquent l'usage loyal (fair use) ou poursuivent désormais des accords de licence.
Accords de licence - Un bilan mitigé :
Précédent de valeur : Certains voient les accords (par exemple, OpenAI avec Axel Springer, Associated Press ; Perplexity avec TIME) comme établissant que le journalisme a une valeur financière pour l'IA.
Préoccupations d'exploitation : D'autres considèrent ces accords comme des entreprises d'IA s'attaquant à la situation financière précaire des organes de presse, offrant de « l'argent pour se taire » ou des « accords de non-poursuite » sans aborder les implications à long terme ou une compensation équitable pour l'utilisation passée. Il y a un manque de transparence concernant les termes.
Considérations stratégiques : Les accords impliquent souvent l'accès aux archives pour l'entraînement et au contenu en temps réel pour l'ancrage. Les éditeurs pèsent l'argent à court terme par rapport à la dilution de la marque à long terme et à la désintermédiation.
L'échange de valeur revisité : L'ancien modèle des plateformes offrant du trafic en échange de contenu est en train de s'effondrer. Les résumés d'IA réduisent les taux de clics. Les éditeurs exigent un nouvel échange de valeur qui inclut une compensation rétrospective et des conditions équitables pour l'utilisation continue de leur contenu. Il existe un désaccord fondamental sur la valeur du journalisme, les entreprises technologiques sous-évaluant souvent son impact sociétal.
Resserrement des flux de trafic : Les éditeurs constatent déjà une baisse du trafic de référence provenant de la recherche traditionnelle et s'attendent à ce que cela s'aggrave avec les « AI Overviews » et la recherche générative. C'est une menace existentielle pour beaucoup, les poussant à renforcer davantage les relations directes avec leur public (par exemple, newsletters, applications, abonnements). Certains adoptent même un état d'esprit « Google Zéro », planifiant un avenir sans trafic de référence provenant de la recherche.
Blocage des robots d'indexation (crawlers) : De nombreux éditeurs bloquent les robots d'indexation des IA, bien que l'efficacité du fichier robots.txt soit discutable, et certaines entreprises d'IA contourneraient ces mesures.
Demandes de données : Les éditeurs ont besoin de données d'audience plus granulaires de la part des plateformes d'IA pour comprendre l'impact et la valeur, mais historiquement, les entreprises technologiques ont été réticentes à partager.
Méfiance et mentalités divergentes :
Les expériences passées ont engendré le scepticisme. Les éditeurs craignent de répéter les erreurs.
Le rythme rapide du développement technologique contraste avec la nature délibérative de l'information.
L'accent mis par la technologie sur « l'échelle » (faire plus avec moins de personnel) se heurte à l'approche axée sur la mission du journalisme.
Les premiers signes de méfiance incluent le manque de transparence des entreprises d'IA concernant le pillage de données (scraping).
L'appel à la collaboration :
Entre éditeurs : De nombreux interviewés ont souligné la nécessité pour les organes de presse de collaborer, de partager leurs connaissances, de négocier collectivement (si possible) et de présenter un front uni.
Avec les entreprises d'IA : Certains espèrent de véritables partenariats où les entreprises technologiques aideraient les organes de presse à innover, plutôt que de simplement extraire de la valeur. Cependant, le scepticisme reste élevé.
Incertitudes futures : Le rapport conclut que le paysage est enveloppé d'incertitude, dépendant des batailles juridiques sur le droit d'auteur, de l'intervention gouvernementale, de l'évolution de la technologie de l'IA et des changements de comportement du public. La concentration du contrôle de l'information entre quelques sociétés privées constitue un risque important pour la démocratie et la pluralité des médias.
En substance, le rapport dépeint une industrie de l'information à un tournant critique, aux prises avec la puissance perturbatrice de l'IA générative, méfiante suite à ses rencontres passées avec les plateformes technologiques, et luttant pour sa valeur et sa pérennité futures dans un écosystème de l'information en mutation rapide.
Source :
Le full PDF: Journalism Zero_ How Platforms and Publishers are Navigating AI_0.pdf
L’article qui l’introduit et donne une analyse détaillée