Facebook, Twitter et Clubhouse : un peu pareils sauf que ... pas du tout
✋ Disclaimer : Ce post n’est pas une analyse détaillée ni chiffrée listant de manière exhaustive toutes les différences entre Twitter, Facebook et Clubhouse. Il ne s’agit que d’un post basé sur mes constats et observations personnelles.
Des similitudes intrinsèques à tout réseau social
Des fonctionnalités de découvertes puissantes
Comme dans tout réseau social, les fonctionnalités proposées pour “découvrir” qui en est (ou pas), quels sont les sujets de conversation, les tendances, les mots clés etc. sont très poussées et reposent souvent sur une utilisation agressive des données utilisateurs (téléphoniques ou emails) pour attirer plus et plus d’utilisateurs. Ca hélas, personne n’y échappera.
Algorithme, algorithme, algorithme
Dans le même ordre d’idée, chacun de ces réseaux sociaux fonctionnent avec un algorithme puissant qui envoient en permanence des push, des listes d’utilisateurs à suivre, des posts à liker ou des notifications sur telle ou telle conversation. Le réseau social digne de ce nom veut tout savoir de vous. Qui vous fréquentez, ce que vous consommez. Et il vous veut actif. Son algorithme est conçu pour ça.
Communauté (version internet)
Evidemment, tous ces réseaux surfent sur le même concept de communauté. Ils ont même clairement fait ressurgir cette notion vieille comme le monde, en le façonnant autour d’un épicentre qui est en coulisse un algorithme et en façade, un écran (qui n’est plus la télé). Est-ce que les communautés à l’ère internet sont les mêmes que celle d’avant internet. Non évidemment. Et ces changements structurels mais pas toujours évidents n’ont ça n’a pas rendu le job de marketeur évident ces dernières années. Pourtant tous réseaux sociaux nous proposent au fond la même chose : faire circuler des idées, permettre des connexions et créer des mouvements entre les gens.
Un endroit commun pour être connectés et converser …
Forcément quand vous êtes présent et actif sur un réseau social, vous êtes invité(e)s soit à communiquer en privé avec telle ou telle personne, soit à créer des groupes (plus ou moins larges) pour échanger de manière plus qualifiée et/ou personnalisée (avec tel ou tel groupe de personnes). Transposés à la vie de la communauté digitale ça débouchera sur … des groupes Facebook, des Twitter Chat - et maintenant des salles sur Clubhouse, à la contenance somme toute assez volumineuses … (une salle peut contenir jusqu’à 8000 personnes !).
… qui souvent dérivent en trash talk, commérages et hélas, fake news
Là où se trouve un groupe de personne à qui l’on offre la possibilité de faire usage du langage, se trouve nécessairement le risque de l’abus (de langage) avec son cortège de débordements parfois beurk. Facebook et Twitter ont une responsabilité énorme dans ces débordements. Quant à Clubhouse, l’un de ses enjeux clés sera de fait forcément la modération de toutes ces conversations qui parfois durent des heures. Autant de personnes dans un nombre sans croissant de “salles” juste pour parler … présentera autant de risques (si ce n’est plus) que tout ce qui a nuit aux deux autres plateformes.
Un modèle économique qui repose vraiment sur les conversations
Pour qualifier la principale différence que je vois entre Clubhouse v/s Facebook et Twitter je résumerais en disant : les deux derniers ont un modèle économique (et une expérience utilisateur) qui incite à parler d’abord de soi tandis que Clubhouse incite à l’entre soi. Clubhouse offre vraiment l’opportunité de la conversation et permet des échanges vivant parce que oraux et non plus seulement textuels ou visuels.
Flux v/s salles
Facebook et Twitter tournent autour de flux qui ne débouche au mieux que sur du partage et/ou des micro-conversations. Clubhouse est structuré autour d’un couloir central lui-même subdivisés en salles au sein desquelles les conversations sont éphémères.
Une redéfinition de la viralité
A date, les conversations sur Clubhouse ne peuvent - en tous cas officiellement car de fait elles le sont déjà par les plus malins - pas être enregistrées par les utilisateurs (elles le sont par les équipes de modération Clubhouse justement pour éviter les dérives). La viralité au sens ou on l’a connait sous le règne de Twitter et de Facebook va donc céder la place à d’autres formes de buzz - à définir à l’usage. Quelque soit la qualité de la conversation, le volume de l’audience que vous aurez réussi à réunir sur Clubhouse, la viralité que vous réussirez à obtenir ne sera jamais la même que celles que vous aurez sur Facebook ou Twitter.
Dans un cas vous avez créé un contenu. Dans l’autre, de l’air. En tous cas, rien qui ne pourra se transformer rapidement en un contenu destiné à servir telle ou telle cause business.
Evidemment, Clubhouse est déjà en train de faire évoluer cette dimension là de son modèle. Mais en l’état, pour optimiser le temps que vous passerez sur Clubhouse, si vous y êtes à des fins business, il vous faudra très bien organiser en amont la modération d’une conversation/conférence sur Clubhouse. Et pour la transformer en contenu, procéder à la manière des greffiers dans les salles d’audience d’un Tribunal. Il est assis tout près des magistrats du siège et prends absolument toute l’audience en note (puisque à ce jour en France, les débats oraux d’audience eux non plus, ne sont sont pas enregistrés.
Qui en est v/s qui n’en est pas
Une des différences fondamentales - et l’innovation majeure et tellement intelligente de Clubhouse c’est ça : là ou tous les autres réseaux sociaux, quand on débarque sur eux, vous disent : “Regarde qui d’autres que toi parmi tous tes contacts est déjà ici ” (l’objectif est de voir augmenter le volume de l’audience sans discernement de qui et qui) ; sur Clubhouse les fondateurs ont l’idée de génie de dire l’inverse : “Voici tous les contacts que tu connais qui ne sont pas encore sur Clubhouse - et je te donne maximum 5 invitations pour choisir celle ou celui à qui tu proposes d’en être”.
C’est une façon très très intelligente (et très très différente des autres réseaux sociaux à ce jour) de créer une communauté en jouant sur deux leviers psychologiques majeurs de l’effet de réseau et de la recherche de connexion.
L’affiliation et le sentiment d’appartenance (qui en est / qui n’en est pas)
Le statut, avec le pouvoir qui y est intrinsèquement attaché (qui a la côte / qui ne l’a pas - qui est en train de devenir wow v/s qui a de moins en moins la côte).
Ces deux éléments sont ceux qui, inconsciemment, commandent beaucoup de nos décisions. Et avec son système d’invitation personnalisée et limitée, Clubhouse joue à fond cette double carte de l’inconscient dans le tissage d’une communauté et de la connexion.
En gros tout le mystère autour des invitations dans l’inconscient ça donne ça :
“Oh wow. On est encore quelque happy few sur Clubhouse, faut absolument que j’en parle à qui le mérite (inconscient bien sûr, mais qui maintient le sentiment d’appartenance qualitative)”.
Ensuite ça se poursuit par :
“ J’ai quelque chose de précieux à donner, mes 5 invitations. Faut que je fasse attention à qui je vais les donner et en fonction, mon statut va soit grimper (ou l’inverse)”.
Evidemment, formulation inconsciente encore parce que bien sur celui ou celle qui veut faire genre va poster quelque part sur un autre réseau social :
“Oh au fait j’ai 5 invitations à donner, qui en veut une” - Sous entendu “moi j’en suis, qui a envie d’en être avec moi” et (inconscient encore) “qui me fera bénéficier (parce qu’il aura été invité par moi et que tout le monde le saura) de son aura professionnelle. etc. etc.
C’est pour ça que bien sur sur Clubhouse, qui vous a invité à rejoindre le réseau est une info qui a l’air d’être anodine - mais ne l’est au fond pas du tout. Ni pour le réseau et son algorithme, ni bien sur, pour les marques pour des considérations de branding et de notoriété.
Finalement, le réseau social en tant que lieu virtuel de réseautage est substitué au Club en tant qu’espace réel de discussion et d’échange.
LA différence fondamentale : le modèle économique
C’est une des raisons pour lesquelles je crois que je vais beaucoup aimer Clubhouse : en ayant dores et déjà indiqué qu’ils ne monétiseraient pas eux-mêmes par de la publicité, les fondateurs ont nécessairement et volontairement ouvert la voie (je dirais “poursuivis dans la voie ouverte par d’autres”) à l’autre alternative : le modèle de l’abonnement et … du paiement de créateurs du contenus.
ENFIN !!!!!
La monétisation par la publicité marche nécessairement sur le volume de contenu - un gros gros volume de contenus (pages vues, engagement, etc.) et comme ces plateformes ne sont “que” des technologies, ils font naturellement leur beurre sur le dos de tous les créateurs de contenus qui prolifèrent et vivent sur leur plateforme qui jusqu’à très récemment pour Twitter (et en voie de changement pour Facebook) ne sont jamais rémunérés. Et forcément l’algorithme va récompenser (par un gros volume d’engagements, de views, de share, de like, de retweet, etc.) ceux des contenus qui “buzzeront” le plus. Ce qui, sur une décennie, a incité des créateurs de contenus à courrir sans arrêt après le clic, le buzz et à forcer l’attention, donc à créer des contenus soit éminemment narcisiques soit poubelles (soit hélas, souvent les deux).
Et l’une des raisons pour lesquels ces deux réseaux sont en train de devenir d’immense vides ordures (mon avis personnel - relire mon disclaimer 👆👆👆 avant de vous défouler en commentaires please) ou le narcissisme et la critique sont devenues légion, c’est que ces réseaux sociaux là incitent vicieusement mais forcément à deux choses :
A parler des autres et en général pas en bien. Le contenu ou il est question de l’autre est le plus souvent tournée sur la critique, le colportage et la médisance (hélas celui le plus à même de susciter une émotion / puis une réaction qui buzze).
A parler de soi-même. Le contenu étant alors essentiel axé sur l’apparence physique et le “me, myself and I” comme principale ligne éditoriale.
A l’inverse, Clubhouse incite à la conversation entre les gens, pas à leur propos.
L’absence de tout visuel pendant la conversation empêche de “tout miser sur son physique” (comme le dirait notre inégalé Jean Claude Duce dans les Bronzés), empêche les potentiels comportements séducteurs. Et le centrage sur l’oral va nécessairement ré-imposer la bonne vieille méthode oubliée du “ tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de prendre la parole” au lieu de ce langage écrit texto bourré de # devenu illisible et franchement ridicule.
Peu importe qui vous soyez, dès lors que vous aurez quelque chose d’intelligent, drôle, pertinent, intéressant à dire - vous serez remarqué(e) (ou pas).
Clubhouse mettra je l’espère, fin à ce règne ridicule de l’égo surdimensionné basé sur un physique tellement étudié dans les moindres poses qui fait fureur sur Instagram. A celui lamentable de la médisance et du scoop à outrance, tranquillement planqué derrière son écran et un pseudo à la Twitter. A celui des fakes news qui pululent honteusement sur Facebook.
Alors juste pour ça, là, maintenant, tout de suite. M E R C I Clubhouse !!!!!!!!!!!!!
Dernière remarque avant de vous laisser
C’est finalement la beauté de cet écosystème de la tech américaine qui va peut être encore une fois primer : la plus belle des sanctions à des abus en tous genres ne vient finalement pas de la règlementation étatique - mais d’un tel ras le bol des consommateurs que de là naît un besoin - que d’autres initiatives privées vont venir combler par un nouvelle offre. Et ainsi de suite.
C’est une des choses que j’aime le plus aux Etats-unis (là c’est l’ancienne juriste qui parle) : pas trop de règlementations. Et avant qu’il y’en ait une, il faut souvent des années et entre temps, toute la place à été donnée à des milliers d’initiatives privées pour corriger - par la liberté de marché et de la concurrence - les excès d’un système.
Alors oui encore une fois, merci Clubhouse. En tous cas, pour le moment …
Dans quinze jours vous aurez une seconde tournée sur Clubhouse. Si vous voulez la recevoir, inscrivez-vous à ma newsletter 👇👇👇.